Commençons par être sûr de ce dont on parle.
Lorsque le comportement d’un chien est renforcé, il est susceptible de se reproduire davantage. Ce qui est renforçant est déterminé par le chien lui-même. Les renforçateurs peuvent être fournis par un autre individu (un chien X qui répond à un appel au jeu par exemple incite Y à reproduire son appel au jeu) ou se trouver dans l’environnement lui-même (la balle qui glisse dans la pente incite Toutou à la remettre en haut pour pouvoir la poursuivre de nouveau).
Dans les apprentissages, il est possible de renforcer positivement ou négativement un comportement. C’est mathématique et non qualitatif, c’est-à-dire qu’on ajoute ou retire un élément.
L’état émotionnel du chien est le niveau auquel son émotion se situe. Une émotion est une réaction physiologique (donc de l’organisme), de brève durée, spontanée, involontaire, face à un stimulus.
On retrouve les six émotions primaires chez le chien : le dégoût 🤢, la tristesse 😭, la joie 😁, la surprise 😳, la colère 😡 et la peur 😱.
L’état émotionnel de votre chien peut être caractérisé par son émotion couplée à l’énergie physique déployée lorsqu’il exprime cette émotion.
Le recours au renforcement positif est l’essence même de la mouvance « positive ».
Pourtant, de plus en plus – et my dogness que j’en suis ravie ! - l’état émotionnel du chien est pris en compte. En effet, ajouter un élément (souvenez-vous, c’est mathématique) pour inciter à reproduire un comportement ne signifie pas que votre chien est émotionnellement en confort (qualitativement).
Renforcement positif et état émotionnel négatif
Prenons l’exemple du chien auquel on demande de s’asseoir ou de regarder fixement son humain alors qu’un élément le met dans un état émotionnel négatif. En fonction de l’élément, Toutou peut alors préférer opter pour la fuite ; or, en lui enjoignant de s’asseoir, on lui enlève cette option, et ne traite pas l’émotion sous-jacente. S’il s’assoit, il reçoit un renforçateur (une caresse, une friandise, ou autre chose) ; il s’agit de renforcement positif s’il est motivé à s’asseoir de nouveau alors qu’on a ajouté un élément.
Prenons l’exemple des soins des oreilles. Vous touchez l’oreille de votre chien, puis lui donnez une friandise. Il maintient la position car il aime beaucoup ses friandises. Si l’ajout de ces éléments le motive à reproduire le comportement de ne pas bouger pendant que vous le soignez, vous l’avez renforcer positivement. Pourtant, il se peut aussi qu’il ait tordu son corps dans maints sens, ait été se cacher et que vous l’ayez rappelé, ait gardé une partie de son corps en arrière, ou pris d’autres postures indiquant qu’il ne consentait pas du tout à la manipulation. Vous avez alors pratiqué le renforcement positif avec un chien en état émotionnel négatif. Aparté : pour des soins, il arrive que le choix ne soit pas laissé au soigneur en fonction du besoin.
Renforcement négatif et état émotionnel positif
Prenons l’exemple du jeu « chat ». Je l’ai rebaptisé « jouer à chien ». Certains des mes élèves peuvent avoir des difficultés à cohabiter avec des enfants. Ces derniers connaissent pour la plupart ce jeu pour le pratiquer dans la cour de récréation. Pour créer un environnement serein pour Toutou, il m’arrive alors de suggérer de jouer à ce jeu. Autant que possible, il est préférable de l’initier d’abord avec des êtres avec lesquels il se sent le plus à l’aise. L’objectif est de désigner un emplacement où il n’est plus possible d’atteindre Toutou ; cet emplacement est le plus souvent un lieu que lui-même apprécie et où il se sent à l’aise. Cet emplacement devient son refuge, comme dans le jeu. Comme le chien est invité à jouer, ou que l’exercice se pratique pendant une partie de jeu, il est en émotion positive (qualitativement). Une fois qu’il atteint l’emplacement désigné, tout le monde arrête de chercher à aller vers lui. Cela lui enseigne que s’il a besoin ou envie de pauses vis-à-vis de certains individus, son comportement d’aller à cet emplacement est renforcé par leur retrait de l’interaction ; on est donc bien sur du renforcement négatif. Si le jeu a été enseigné avec plaisir, Toutou sera quand même en émotion positive ou neutre.
Plutôt que de se focaliser uniquement sur le renforcement perçu par le chien, je considère qu’il est important de veiller à maintenir une émotion positive chez lui.
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