Parfois, j’aimerais finalement suggérer une armure sur le corps du chien, le torcatus dans le bon sens (c’est-à-dire avec les piques vers l’extérieur, comme il était porté à l’origine), et d’autres protections ici et là.
J’accompagne des familles dont le chien est sensible ou a été sensibilisé. Et même si on travaille ensemble pour qu’il progresse, même si on fait attention à maints paramètres, je reste impuissante pour les aider à contrer l’inconscience de certains autres humains.
Que se passe-t-il pour ces humains et leurs chiens ?
Ils sont attentifs aux lieux et horaires où ils promènent leur chien. Ils sont vigilants quant aux réactions possibles de leur chien.
C’est alors qu’un chien sans laisse ni longe, sans attache, arrive vers eux. Je ne parle pas d’un chien qui a réussi à échapper à la vigilance de ses maîtres, qui a bondi si vivement en bout de laisse qu’il est parvenu à ce que la laisse échappe de la main de ses maîtres (parfois en les faisant tomber).
S’il a des intentions pacifistes, s’il est « gentil », son approche irréfléchie, vers un chien restreint par une laisse ou une longe, qui a déjà des difficultés d’ajustement, peut quand même déclencher des émotions négatives chez ce chien.
S’il a des intentions pacifistes, si l’autre chien est en laisse et non en longe, ce dernier ne sera pas en mesure de communiquer « en chien ».
S’il a des intentions belliqueuses, il s’agit bien d’une attaque.
Il n’est pas toujours aisé pour les gens de se protéger, de protéger leur chien, d’éviter aussi un accident en fonction de l’environnement où ils sont. Trop souvent, j’ai aussi le témoignage que certains humains prennent leur temps avant de réagir (quand ils réagissent!) alors que leur chien a un comportement hostile.
En laisse/longe ou en libre ?
Depuis quelques temps, je vois être égrenée cette idée que si un chien est attaché à une laisse ou même une longe de plusieurs mètres, il s’agit de maltraitance. On priverait le chien d’une liberté essentielle pour lui. On le restreindrait contre son bien-être. La laisse et la longe sont des outils coercitifs car elles contraignent le chien à des déplacements ordonnés par l’humain au bout. Le chien serait fait pour vivre « libre ».
La problématique est que le chien en famille n’est déjà pas libre en soi. Il est rare qu’il décide de ses propres mouvements, d’entrer et sortir à sa guise (je ne parle pas juste du jardin). En France, il est interdit qu’un chien se balade seul car il serait considéré en divagation.
J’en vois des chiens sans laisse : certains sont détendus, prennent plaisir à leur balade ; d’autres sont aux pieds de leur maître, ne renifle rien, ne regarde pas ailleurs. Si la liberté revient à ajouter plus de contraintes en contrepartie d’ôter la laisse, peut-on encore l’appeler liberté ?
J’en vois des chiens en longe : certains sont tendus, quelle que soit la longueur ; d’autres explorent et profitent plus que lorsqu’ils sont détachés.
Faire des choix
Il est important à mes yeux de ne pas culpabiliser les gens qui tiennent leur chien en laisse, en longe, ou qui le détachent. L’essentiel est que chacun adopte une attitude responsable, plus encore en fonction de l’environnement et des croisements possibles.
Par exemples :
- un chien en longe, qui aime courir après des vélos, on évitera de le laisser observer une course de cycliste, avec la longe détendu, tout près du passage des athlètes
- un chien qui raffole des chevaux est baladé non-attaché dans une forêt fréquentée par des cavaliers, on évitera de le laisser détaché, pour sa propre sécurité et celle des cavaliers et des chevaux
Quelles que soient vos motivations, éduquer un chien, l’amener à généraliser ses apprentissages à tous les environnements, avec divers contextes, des paramètres changeant, prend du temps, requiert de la patience, de la cohérence et de la consistance. L’utilisation d’outils aversifs ne rend pas les apprentissages magiques, ne transforme pas le cerveau de votre chien en éponge instantanée, et crée des effets secondaires délétères.
Les croisements
La première règle est de demander à l’humain si la rencontre peut se faire, et d’accepter la réponse donnée, quelle qu’elle soit. Son chien peut être en séance d'entraînement, avoir des douleurs, avoir des craintes, avoir des besoins que vous ignorez ; de la même façon, vous communiquez sur votre chien à vous.
Pour que les deux chiens soient en mesure de communiquer de façon canine, ils ont besoin d’être à un niveau équitable :
❌ deux chiens en laisse de moins de deux mètres : soit ils sont capables de se contenter de se renifler un petit peu, et, les laisses sont détendues autant que possible, en suivant le chien, soit on passe sans se saluer
❌ un chien en laisse et un en liberté ou en longe : on passe sans se saluer si le chien en laisse ne peut pas être détaché
✅ un chien en longe et un autre en longe : on se salue, les longes sont détendues au maximum
✅ un chien en longe et un en liberté : on se salue, et on passe si la longe ne peut pas être délaissée (on évite la frustration de ne pas suivre le copain s’il joue).
Pourquoi attacher son chien ?
La loi
Je vous conseille de vous renseigner auprès de votre commune pour savoir si un arrêté oblige votre chien à être tenu en laisse. Dans les lieux urbains, en règle général, vous êtes tenu de l’avoir en laisse. https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F35062
Dans les lieux ruraux, c’est à la discrétion des communes.
Quand vous vous baladez dans certains parcs, il est clairement indiqué que votre chien doit être tenu en laisse.
En forêt, du 15 avril au 30 juin, votre chien doit être tenu en laisse si vous sortez des allées forestières afin de protéger la faune. https://www.onf.fr/vivre-la-foret/%2B/96::promener-mon-chien-sans-laisse-foret-peux-peux-pas.html
Les chiens catégorisés sont obligés d’être tenus en laisse, peu importe où ils sont.
Quelle que soit sa race, si votre chien peut montrer des comportements dangereux, il doit être tenu en laisse.
Votre chien peut être considéré en divagation s’il ne répond pas à votre rappel et qu’il est à plus de 100 mètres de vous.
La santé et les apprentissages
Il se peut que le chien qui est attaché à une laisse ou une longe ait une santé fragile, un handicap.
Être tenu permet d’apprendre à certains à ne pas forcer leur corps, à ne pas dépasser les limites qu’il le conduirait chez le vétérinaire.
Certains chiens, en vieillissant, s’ils n’avaient pas eu un apprentissage solide de l’écoute du maître, de faire attention à lui, peuvent devenir inattentif lors de leur balade. Une vision plus restreinte, une audition qui se perd, le rendent moins apte à percevoir son maître.
Certains chiens, qui n’ont pas encore acquis le stop, qui ne sont pas capables de s’arrêter là où ils sont quand cela leur est demandé, le rappel, qui ne sont pas capables de revenir vers leur maître quand ils sont appelés, soit de façon générale, soit selon certains éléments, seront préférablement attachés. Si par exemple votre chien ne supporte pas la vue des poussettes d’enfants, ou s’il ne supporte pas le bruit d’un brachycéphale qui respire l’été après avoir joué, et que dans ces contextes il est incapable d’être à votre écoute, alors pour le bien de tous, il est mieux qu’il soit attaché.
Le débat ne devrait pas être pour la laisse, pour la longe, pour un chien non-attaché. À mes yeux, il devrait être pour le confort et la sécurité de chacun, pas seulement de certains en particulier.
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