On entend tout et son contraire
Prononcez le mot dominance, et observez les réactions des gens autour. Cela ira de l’agacement, à l’emportement, au dénigrement, au déni. Les réactions sont d’abord émotionnelles. En soi, ce mot porte un fardeau, celui d’être assimilé à l’ignorance des humains, à la limite de nos connaissances sur le chien, aux pratiques exercées en son nom.
Il génère désormais peu de discussions, en comparaison aux disputes. Il motive moins à la connaissance et à l’échange qu’à des réactions épidermiques. D’un côté, il y a « eux », ceux qui ne connaissent pas le Chien s’ils disent le contraire de que On pense sur le sujet ; d’un autre côté, il y a « nous », ceux qui connaissent le Chien s’ils abondent dans le sens de ce que On pense sur le sujet.
En neuf lettres, vous pouvez vous attirer les foudres de tout un monde.
En neuf lettres, vous pouvez vous attirer les sympathies de tout un monde.
Le souci est qu’en réalité des scientifiques ont bel et bien défini ce qu’est la dominance, ce que sont les comportements liés à la dominance.
Au-delà de ce que j’ai pu personnellement expérimenter ou être témoin, je tenais à avoir une compréhension globale de ce qui est considéré comme de la dominance, un chien dominant, un chien soumis. Ces phrases - « il est dominant », « il est soumis » -, on peut les lire ou les entendre en maints contextes. Or, lorsque je demandais aux gens ce qu’ils entendaient par là, je ne recevais pas de réponse hormis « bah, ça se voit » ou « vous savez bien puisque vous êtes pro ».
J’ai donc décidé de compiler ce que les spécialistes sur la dominance expliquaient pour en faire un cours et remettre la dominance loin des croyances. Entre ceux qui la nie totalement, ceux qui ne jurent que par elle, il est à mon sens important de déjà savoir de quoi il retourne. Les avis péremptoires, sans définitions ni explications, relèvent parfois d’une malhonnêteté intellectuelle qui oriente les gens vers de la méconnaissance.
Elle régit trop souvent le quotidien des chiens
Dans mes recherches et mes observations, j’ai constaté à quel point chien et dominance sont associés. Cela semble être entré dans les mœurs que les deux sont indissociables. Cela s’avère être très répandu sans pour autant être compris. Alors que les spécialistes du sujet ont établi une définition, qu’ils ont apporté maints éclaircissements, la dominance chez le chien continue d’être colportée comme si leurs comportements n’étaient influencés que par cela, comme si leurs êtres se limitaient à cela.
Les chiens sont des êtres dont nous n’avons pas encore pleinement cerné l’entière richesse d’un point de vue comportemental, d’un point de vue neuro-biologique, d’un point de vue social, d’un point de vue émotionnel. Restreindre leurs motivations à de la dominance ou de la soumission, c’est faire abstraction de cette richesse.
Ignorer les motivations autre que la dominance, nier la dominance par confort intellectuel, relèvent d’une facilité intellectuelle. Les comportements des chiens, leurs interactions avec leurs congénères ou d’autres espèces, leurs émotions, ne peuvent pas s’analyser que par le spectre de la dominance ; sinon, c’est se mettre des oeillères face à tout le spectre de leurs compétences.
Elle sert souvent de prétexte pour des actes contre les chiens
Un chien, qui est présenté comme dominant ou faisant preuve de dominance, est en même temps étiqueté de dangereux. La dominance est alors associée automatiquement à un être agressif et menaçant, dont il faut hautement se méfier pour ne pas risque de voir sa vie chambouler ou ruiner.
Les conseils donnés pour « recadrer » un tel chien se veulent induire de la punition positive (faire cesser un comportement par l’ajout d’un élément). La réalité est que la dominance est alors prétexte à une relation basée sur la confrontation avec le chien, à des rapports d’intimidation mis en place très souvent face à des comportements qui sont motivés par tout sauf par la dominance.
Ces chiens étiquetés « dominants » vivent alors avec une épée de Damoclès qui a pour objectif de leur rappeler qu’il est préférable pour eux, pour leur bien-être présent et futur, de se souvenir qu’ils ne doivent pas défier les humains qui les nourrissent.
Les chiens étiquetés « soumis » vivent avec un laisser-faire qui ne répond pas à certains de leurs besoins.
Rendre à la dominance sa définition, rendre aux chiens leur richesse sociale et comportementale, amoindrir l’influence de la perception subjective, telle est la motivation que j’ai en vous proposant ce cours.
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