Parce que votre chien répond positivement à une demande, il est forcément à se sentir bien ?
Il est pour moi essentiel d’observer le langage corporel des chiens. À défaut de pouvoir lire dans leurs pensées ou de pouvoir sentir les fluctuations dans leur organisme occasionnées par des émotions, leurs mouvements, leurs tensions, leurs relâchements, les positions des oreilles, de la queue, de leurs pattes, leur halètement, etc, sont au moins des indicateurs pour me révéler en partie ce qu’ils ressentent. Comme un chien qui vocalise beaucoup et un qui vocalise peu peuvent très bien être dans le même état émotionnel, leur langage corporel et leurs signes de communication (émis volontairement ou non) sont des miroirs de leur état intérieur.
Répondre positivement à une demande pour un chien signifie :
que la conséquence à son comportement l’a incité à reproduire le dit comportement
qu’il était dans un état émotionnel qui le rendait apte à répondre cognitivement à la demande
que sa santé n’était pas incompatible avec l’exécution de la demande.
Le renforcement
Pour qu’un comportement se reproduise, la conséquence est :
l’ajout d’un élément, on parle alors de renforcement positif ;
le retrait d’un élément, on parle alors de renforcement négatif.
Par exemples :
R+
Vous êtes à l’heure au travail tous les jours et votre patron vous accorde une prime d’assiduité. Votre assiduité apparaît plus souvent car l’ajout de cet élément vous y encourage.
Votre chien revient quand vous l’appelez et vous lui donnez sa corde préférée à tirer. Son rappel apparaît plus souvent car l’ajout du jeu l’y encourage.
R-
Vous entrez dans votre voiture et mettez aussitôt votre ceinture de sécurité car ce geste a été renforcé par le retrait d’un bip sonore quand vous démarriez sans avoir bouclé votre ceinture.
Votre chien vous voit approcher avec sa brosse, or il n’aime pas être brossé. Il se réfugie sous un meuble bien en retrait car ce comportement a été renforcé par votre abandon de le brosser et le retrait de la brosse.
Pour qu’un chien se sente « bien », il a des besoins à satisfaire.
Le sentiment de sécurité
Ce qui implique que Toutou est soutenu s’il a peur d’éléments (humains ou objets, bruits ou visions), s’il est anxieux dans certains environnements.
Ce qui implique que Toutou n’est pas esseulé pour faire face à ces éléments.
Ce qui implique qu’il ne craint pas les êtres qui le guident
La possibilité d’avoir un minimum de contrôle sur ses choix et sa vie
Il est intégré dans un environnement où tout est décidé pour lui : où il sort, avec qui, où et quand il urine, ce qu’il mange, où il dort, quand et avec qui il interagit.
Lui donner accès à des choix peut accroitre son bien-être : lieu du couchage, chemins de balade, par exemple.
Un équilibre affectif
Ce qui implique que chaque individu étant différent, connaître et accepter les préférences de Toutou, s’y conformer peut le détendre lors de ses contacts avec d’autres êtres.
Ils sont en fait assez semblables à nous : je n’ai pas envie qu’on me caresse à n’importe quel moment et par une personne que je n’ai pas choisie, je peux avoir besoin de moments d’isolement comme de moments conviviaux à partager avec des amis.
La santé
Si un chien a faim, soif, froid, trop chaud, n’est pas en capacité de réguler sa température, souffre d’une maladie physique, a des douleurs, dort peu ou se réveille avec des sursauts, a un poids inapproprié pour sa taille, son bien-être n’est pas au rendez-vous de son corps.
Si le corps est en inconfort, en souffrance, les comportements en sont tout aussi affectés.
⚠️ Un des points ci-dessus satisfait ne suffit pas pour combler un sentiment de bien-être.
Si je vous accorde de choisir le trajet d’un point A à un point B en vous demandant de le rendre le plus rapide, mais que votre sommeil n’est pas reposant, que vous rencontrez plus de déceptions et frustrations à votre travail que de satisfactions, que votre estomac crie famine car vous buvez surtout de la caféine pour compenser votre manque d’énergie, ce n’est pas parce que je vous aurai félicité à l’arrivée que vous vous sentirez bien pour autant. Vous aurez répondu positivement à ma demande, mais cela ne suffit pas à attester que vous vous sentez bien.
Quand je rencontre une personne ou un chien, je n’analyse pas sur un instant T, sur un critère, son bien-être. Je ne vois alors que son état émotionnel et ses compétences cognitives du moment.
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