Mon chien fait des bêtises !

Nous allons avoir deux perceptions des bêtises : celle selon l’humain, et, celle selon le chien.

Si je prends l’exemple de l’urine sur un tapis :

🙎🏻‍♀️ selon l’humain : c’est une bêtise car le pipi n’a rien à faire là, le chien a d’autres endroits où uriner.

🐶 selon le chien : le tapis est peut-être confortable, il ressemble aux alèses, il avait une envie pressante.

Si je prends l’exemple de la nourriture sur la table :

🙎🏻‍♀️ selon l’humain : c’est une bêtise car si elle est sur la table, elle est réservée à l’humain, le chien n’a pas à se servir, c’est du vol.

🐶 selon le chien : elle est disponible et accessible, c’est alléchant, c’est une opportunité.

Les chiens ne perçoivent pas le monde selon la moralité des humains. Il y a les apprentissages qui renforcent certains comportements (qui rendent leur apparition plus probable) et d’autres qui les punissent (qui rendent leur apparition peu ou pas probable). Les situations dépendent aussi de leur perception du contexte : si le chien se sent en sécurité ou en danger.

Très souvent, ce qui est appelé « bêtises » est un besoin du chien ou un comportement normal exprimé dans un contexte inapproprié, qui le rend indésirable pour les êtres autour.

L’intentionnalité

« Si je viens chez vous et vous signale (peut-être subtilement parce qu’on ne se connaît pas bien) mon envie d’uriner, et que vous me signalez que je ne dois pas faire sur votre canapé. Je vais me diriger vers votre évier, puis votre table, puis votre lit, puis… je vais faire là où je serai car à un moment ma vessie ne pourra plus se retenir ! Vous allez vous agacer, me gronder. Après tout, il est possible que j’ai fait sur votre sac contenant votre ordinateur posé par terre.

Je serai choquée que vous me grondiez car j’avais besoin et vous m’avez juste dit « non, pas là ; non, pas ici ». Vous m’avez bien montré les toilettes, mais trop tard. 

Plus tard, vous m’amenez directement aux toilettes ; or, je refais ailleurs après. Vous ne me l’avez montré qu’une fois, c’est insuffisant pour que je retienne. En plus, ça ne ressemble pas à celles que j’utilise habituellement. »

Votre chien peut trouver confus maintes règles que nous lui imposons. En plus, il arrive qu’elles changent selon notre humeur. Pour qu’il contrevienne à votre règle, exprès, il a besoin : de la connaître, de l’avoir mémorisée, de l’avoir expérimentée plusieurs fois, d’avoir conscience que y déroger va vous contrarier, d’en avoir la volonté de vous contrarier.

Le regard coupable

« Mais il sait qu’il a fait une bêtise car quand je le gronde : il est penaud. »

Qu’observe-t-on chez Toutou ? Tête basse, corps bas, recroquevillé, oreilles baissées et vers l’arrière, blanc de l’oeil visible, se cacher, regarder ailleurs, avoir la queue basse voire au plus près du ventre… Tous ces signes expriment un inconfort, un refus de la confrontation. Il ne s’agit pas d’une reconnaissance de culpabilité.

Nous ne savons pas (encore) si les chiens ont la capacité de ressentir de la culpabilité et de l’exprimer. Nous sommes sûrs néanmoins que lorsqu’il s’exprime ainsi, c’est pour éviter un conflit.

Plusieurs études ont d’ailleurs testé les chiens : lorsqu’ils ont été grondé une fois parce qu’ils avaient mangé une saucisse, même s’ils ne commettent pas la « bêtise » la fois suivante, le fait que l’humain fronce les sourcils, et que l’objet du délit ne soit plus là, les amènent à montrer un comportement d’évitement de la confrontation.