Il est des fois où le besoin de l’humain a tendance à lui faire percevoir des vérités qui ne correspondent pas forcément à la réalité.
Mon adoration des chiens, ma fascination pour leurs capacités cognitives, mon envie parfois de leur accorder des compétences sociales et émotionnelles sans savoir avec certitude s’il ne s’agit pas seulement d’une projection plutôt que d’une réalité, m’ont par moments amenée à attribuer une cape de super-héros à mon chien Boby lorsque j’étais adolescente.
Il souffrait d’un souffle au coeur et d’un bec de perroquet, quand il est devenu senior.
Pour autant, il gardait son envie d’explorer de nouveaux endroits, de jouer, d’apprendre de nouvelles choses.
Il était pour moi un modèle de combativité. Quand il semblait fatigué en balade, je m’avançais vers lui pour le prendre dans mes bras. Il s’écartait alors. Peu à peu, je crois que j’attendais de lui qu’il affronte tous les dangers que son corps mettait sur sa route, qu’il développe une endurance qu’aucun marathon n’essoufflerait.
J’oubliais qu’il était un petit chien, âgé, souffrant de dysfonctionnements. J’oubliais qu’il avait sa propre personnalité et ses propres envies. J’avais fait de lui un héros qui n’avait rien demandé. Je lui avais attribué une cape, de supers pouvoirs, qu’il n’avait jamais revendiqués.
Avoir une image de ce qu’on idéalise pour soi-même y accéder ou s’en rapprocher peut conduire à se dépasser, à être meilleur que soi-même. Accorder un rôle à un chien, s’attendre à ce qu’il corresponde par ses comportements à cette image que requiert ce rôle, c’est lui attribuer une responsabilité qui n’est pas la sienne.
Vouloir le prendre dans mes bras quand il faiblissait, était-ce pour moi porter ce héros ? À l’époque, j’ai juste interprété ses comportements par rapport à l’idéal que j’avais de lui. Pourtant, il est aussi possible qu’être dans mes bras le mettait davantage en inconfort physique, ou vis-à-vis de la chaleur, ou en vulnérabilité vis-à-vis de l’environnement.
Avant d’aboutir à une conclusion, il est important d’évaluer l’ensemble des possibilités pour comprendre les motivations d’un chien. En les comprenant, et surtout les acceptant, il est alors possible de lui apporter l’aide dont il a vraiment besoin, de devenir son héros à cet instant.
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