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Le collier anti-aboiement

Dernière mise à jour : 3 août

Qu’est-ce qu’éduquer ?

Selon le Larousse, c’est :

  1. « former quelqu’un en développant et épanouissant sa personnalité » ;

  2. « faire acquérir à quelqu’un les usages de la société » ;

  3. « développer une aptitude par des exercices appropriés ».

Le collier anti-aboiement ne répond pas au 1) ; il peut éventuellement répondre au 2) si on ne tient pas compte des effets secondaires et au 3) si on envisage l’utilisation d’un outil aversif comme approprié.

J’ose donc affirmer qu’il ne s’agit pas là d’un outil d’éducation, parce que la partie la plus importante à mes yeux est l’intégration dans le foyer et/ou la société avec épanouissement.Pour éduquer un chien dans les meilleures conditions, connaître comment il perçoit le monde, comment il communique (c’est-à-dire comment il envoie des messages et en reçoit), comment il apprend et retient, me semble être un minimum d’efforts à fournir de notre part alors que nous lui en demandons tant pour s’intégrer dans une société d’humains.

Pourquoi le chien aboie ?

chiens en peluche

Parce que cela fait partie de sa communication, tout comme sa façon de remuer de la queue ou positionner ses oreilles ou se lécher les babines ou toute une panoplie d’autres éléments. Pour des chiens qui n'aboient jamais, je vous présente Bluie et Doudou en photo. Sinon, même si certaines races vocalisent bien moins, tous les chiens ont la possibilité de s’exprimer par leurs cordes vocales.

Ils expriment alors de la joie, de la colère, de la peur, du dégoût, de la surprise, de la tristesse… En fait, des émotions. Tout comme chez l’humain, les émotions ne sont pas contrôlables pour le chien. Il les ressent spontanément sur une courte durée. Il ne peut pas les réguler ; c’est leur expression qu’il peut apprendre à modifier. Ses intentions peuvent être tout aussi variées : par exemple, repousser un être ou un objet désagréable ou attirer l’attention face à une gamelle d’eau vide ou inviter au jeu.

Comment fonctionne le collier anti-aboiement en exemple ?

collier anti-aboiement

Attaché au cou du chien, les pointes contre la gorge de celui-ci, le collier siffle puis vibre à chaque vocalisation et vibration vocale de son porteur. Le chien aboie, grogne, grommelle, couine, il reçoit en conséquence un son strident et une vibration. Le but est que cette conséquence désagréable pour lui l’incite à cesser le comportement qu’il vient de faire. Peu importe le contexte, cet outil ne discriminant pas en fonction de ce qui est ressenti, en fonction de ce qui est exprimé, en fonction du contexte, toute manifestation vocale est mise au même niveau et traitée de la même façon.

L’efficacité de cet outil est sujette à controverse pour plusieurs raisons. Pour en citer quelques-unes :

  • tous les chiens ne sont pas réceptifs à un apprentissage par un outil aversif : certains font l’association dès la première fois, d’autres comprennent après plusieurs répétitions, certains développent une résistance impliquant d’augmenter le volume ;

  • comme ce collier n’opère aucune discrimination, il ôte aussi l’expression des émotions positives ;

  • le chien comprend qu’un comportement est à ne pas reproduire en évitant en conséquence quelque chose de désagréable (ce n’est pas pour autant qu’il sait quel comportement accomplir à la place si cela ne lui ait pas enseigné). Les émotions négatives étant plus efficaces pour la mémorisation que les positives, quoi qu’il ait à exprimé vocalement (joie ou colère), il s’abstient.

  • L’émotion motivant le comportement des vocalises n’est pas supprimée, seulement le comportement. Face au besoin de l’exprimer, le chien change de stratégie. Seule la pointe de l’iceberg est traitée avec ce type d’outil.

  • Le chien apprenant entre autres par associations, s’il regarde ou entend quelque chose ou quelqu’un qui habituellement ne lui inspire rien d’aversif, voire lui inspire du positif, il finit par associer cette chose ou cette personne au collier. Par exemple, si en jouant avec un enfant il a pour habitude de faire de légers aboiements, jouer et regarder l’enfant finissent par annoncer les effets désagréables du collier. Pour les éviter, il évite aussi ce qui y est associé (si en plus il n’en développe pas un aversion).

  • Des chiens deviennent pessimistes, c’est-à-dire qu’ils n’attendent plus grand-chose du quotidien, ne prennent plus de décisions.

  • Le lien avec les humains peut se détériorer.

Pourquoi ce type de collier est conseillé ?

Mon opinion – qui n’engage que moi – est la facilité avec laquelle il semble régler le désagrément des aboiements. Je n’évoquerai pas les professionnels qui connaissent les émotions et les fonctionnements du chien, qui sont donc censés avoir conscience des conséquences de cet outil et font le choix délibéré de l’utiliser (quelles que soient leurs raisons). Pour les autres personnes, j’espère qu’il s’agit d’humains bien intentionnés vis-à-vis du maître, mais ignorant les tenants et les aboutissants de l’utilisation d’un aversif pour enseigner une règle (en l’occurence, avec ce collier au cou, ne jamais utiliser de vocalises, en aucune circonstance). Ces personnes peuvent être les témoins de l’inconfort du maître, voire de son désarroi ou sa détresse à résoudre une situation. Leur intention serait de proposer une solution soulageant rapidement l’humain.

Pour l’être humain auquel il est suggéré, il peut parfois être difficile de ne pas y céder. Les émotions négatives inspirées par les aboiements peuvent inciter à opter pour cette solution sans penser à mal, afin d’éviter parfois d’autres conséquences négatives (isolement, expulsion, abandon...). Résister à la pression sociale, à la pression familiale, au rappel à la loi, est loin d’être aisé. Cela occasionne un stress négatif qui parfois amène à des décisions au « moins pire ». Il peut être aussi compliqué de se dresser intellectuellement, sans connaissances, avec juste ses bons sentiments pour son toutou, contre des gens auxquels on tient moralement, sentimentalement, ou qui ont un ascendant.

Par ailleurs, le prix du collier en exemple est aussi plutôt attractif. Par contre, est-ce que le coût de son utilisation en vaut la peine et ne revient pas à plus cher de corriger ses conséquences sur l’état émotionnel de toutou ?

Je l'ai testé

Ingrid collier-antiaboiement

Je précise d’ores-et-déjà que je ne prends aucun plaisir à m’infliger quelque chose de potentiellement désagréable. D’abord, en soufflant à l’arrière : ça siffle. Si mes oreilles n’ont pas aimé, je n’imagine pas celles d’un chien (sachant que le chien a une ouïe capable de percevoir des fréquences jusqu’à 50.000 hertz alors que l’être humain les perçoit entre 16.000 et 30.000). Puis, je l’ai posé contre ma gorge et ai prononcé quelques mots. Ça a sifflé puis vibré. Ma première impression : j’ai été surprise (émotion qui prépare l’organisme à la suite des événements). Ma seconde sensation fut un sentiment de rejet. Peu importe la force du collier, j’ai ressenti du dégoût et de la colère. Pourtant, je trouve que ce test sur moi-même était impertinent ! Au-delà de l’aspect auditif et sensible au toucher (je pense par exemple à un chien qui ne supporterait pas le contact et aurait ce collier qui vibre), un chien n’a pas d’autres choix que de le subir, il ne peut pas échapper à son collier. Contrairement à moi à ce moment-là, il n’a aucun contrôle autre que se taire. À aucun moment, il ne peut l’ôter ou l’arrêter car cela devient fatiguant émotionnellement. Dès que cela lui ait mis, il n’a comme solution pour ne pas subir cela, pour éviter quelque chose de désagréable, que de se contrôler par un stress négatif constant afin de ne pas accomplir un comportement naturel chez lui, s’exprimer par des vocalises.

Quelques exemples de cas…

  • D. est un rottweiler que j’ai connu adolescente. Quand on le caressait, il émettait une espèce de grognement léger. Cela ressemblait à un ronronnement. C’était là une façon pour lui d’exprimer son contentement en plus de se dandiner et de réclamer dès qu’on arrêtait. Aucun collier aversif n’a été utilisé pour lui.

  • S. a fait une crise de panique, aboyant plus fort et de façon plus hystérique, et courant frénétiquement partout, au seul test qui a été fait de ce type de collier. Il n’a pas appris les conséquences de son acte car il est entré dans un état émotionnel intense et négatif. Après cela, il a trouvé du réconfort et du soutien auprès de sa maîtresse.

  • H. qui a subi un collier électrique qui réagissait aux vibrations de sa gorge n’émettait plus aucune vocalise. Quand il eut à prévenir qu’il était en inconfort alors qu’une personne risquait de lui marcher dessus en reculant sans le voir, il mordit. Quand il avait à exprimer sa joie, il claquait des dents très nerveusement. J’ignore ce qu’il est devenu.

  • O. m’a chargée lorsque nous nous sommes rencontrés. Il aboyait et grognait, se faisant impressionnant. J’aurais pu entrer en confrontation avec lui, faire usage d’un collier de ce type. L’un des risques est que, s’il n’est pas utilisé sous contrôle et très à-propos (hors là, c’est uniquement les vibrations et sons du chien qui le déclenchent), O. se mette à envisager que me voir le regarder puis m’aboyer dessus déclenche cet outil. Donc, est-ce qu’il aurait compris que me regarder est risqué ? Comment j’améliore la relation alors ? Aurait-il compris qu’il est préférable que je ne vois pas qu’il m’a vue le regarder pour me charger ? Quel choix stratégique aurait-il fait pour m’indiquer son mal-être ? J’ai opté pour lui envoyer le message que je ne suis pas une menace dans un langage qu’il était à même de comprendre (d’autant que l’analyse de son profil l’a révélé plein de peurs). Au fur et à mesure, notre relation s’est développée au point que quand il me voit, j’ai droit à une fête de dix minutes !

Quelles solutions avez-vous une fois que vous avez jeté et/ou renoncé à ce type de collier ?

Entre autres :

  • apprendre le langage du chien afin de mieux le comprendre ;

  • évaluer vos attentes par rapport à la situation et accepter que vous avez un être doté de sensibilité avec vous ;

  • vous accorder des pauses en plaçant le chien en pension par exemple (certaines sont de vraies colonies de vacances pour toutou) ;

  • lui enseigner à gérer ses émotions qui provoquent le comportement dérangeant et l’aider à réorienter ses besoins expressifs sur quelque chose qui vous satisfera tous les deux ;

  • vous faire accompagner par un professionnel qui vous explique avec bienveillance vis-à-vis de vous comment éduquer autrement votre compagnon canin.

Certaines approches prennent plus de temps, mais la relation autant que l’évolution du chien sont juste un régal.

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