La punition chez le chien

Un jour, alors que je travaillais avec un de mes élèves et ses maîtres, nous avons rencontrés un autre couple en train d’être conseillé pour leur chien par un homme qui semblait être un professionnel. Je ne mentirai pas et n’affirmerai pas que la façon d’éduquer à ce moment-là n’est pas efficace. Cependant, je n’approuve pas. Quand vous en arrivez à éduquer un chien de cette façon, cela signifie que vous avez épuisé toutes les autres possibilités d’abord ; du moins, c’est ainsi que je le vois...

Que faisait-il ?

Une fois que les deux chiens se sont brièvement salués, afin de ravoir l’attention du chien, il a rappelé au maître de lui donner des saccades avec la laisse.

Peu après, alors qu’ils patientaient pour traverser la rue, je l’ai vu parler au maître juste avant que celui-ci étrangle son chien avec la laisse pour le faire s’asseoir ; comme cela ne fonctionnait pas, l’homme leva la laisse droite suffisamment vers le haut pour que les pattes avant du chien décollent et qu’il se sente dans une position de devoir s’asseoir.

Que s’est-il passé selon la perception du chien ?

Dans le premier contexte, alors qu’il rencontre poliment un congénère et l’a toujours dans son visuel, il reçoit des à-coups. Sachant que le chien apprend par association aussi, dire bonjour à un autre chien occasionne donc des secousses désagréables dans le collier.

Dans le second contexte, il patiente calmement en regardant droit devant lui avant de traverser la rue, mais ne s’assoit pas. Parce qu’il n’obéit pas sur le moment, il est amené dans cette position par une douleur à la limite de l’étranglement. Donc, il préférera s’asseoir à l’avenir pour éviter que ce type de douleur n’arrive en conséquence.

Qu’est-ce que la punition selon les chiens ?

D’un point de vue comportemental, on utilise la punition pour qu’un comportement cesse. Elle motive le chien à ne pas reproduire le comportement qu’il vient de faire. C’est tout ; il n’y a aucune valeur associée. La valeur de la punition dépend de la perception du chien (par exemple, certains chiens qui ne supportent pas d’être touchés, ils percevront la caresse comme une punition) ; et son utilisation est déterminée par l’éthique de l’humain. Retirer votre attention, arrêter de jouer, étrangler un chien avec un collier, lui infliger des décharges électriques, tout cela peut faire parti des punitions, mais seulement à la condition que le chien cesse effectivement le comportement lié.

Pour qu’une punition soit comprise, elle a besoin d’être proportionnée, cohérente (qu’un même comportement ne soit pas accepté et puni d’un instant à un autre), immédiate (s’il reçoit la punition alors qu’il vient de passer à autre chose, pour lui, vous venez de le punir pour cette autre chose), que le contexte ne risque pas que le chien fasse une association malencontreuse (il reçoit des à-coups, parce que vous trouvez qu’il met trop de temps à revenir, sauf qu’au moment où il les reçoit il est en train de regarder des enfants jouer). L’humain ne détermine pas ce qui agréable et aversif, c’est le chien ; pour cela, cela implique de le connaître. Ceci étant, il existe bien des techniques et outils dont l’objectif est d’engendrer de l’intimidation, de la crainte, de la douleur.

Qu’apprend le chien avec la punition ?

Je vais être claire : juste à cesser des comportements. Cela lui enseigne-t-il à mieux se comporter ? Si vous ne lui enseignez aucune alternative, il poursuivra avec ses comportements canins. Si en plus il s’agit d’un comportement inhérent à la race (par exemple, renifler au sol pour un beagle ou creuser pour un terrier), vous avez cessé non pas un comportement mais un besoin.

Qui plus est, d’un point de vue moral, est-il juste de réprimander un chien de ne pas avoir acquis quelque chose qui ne lui a pas été enseigné tel que lui comprend ?

Qu’en est-il chez K9 Voice ?

Mon premier objectif est d’enseigner, de faire en sorte que le chien se sente en sécurité, que les humains autour de lui lui inspire de la confiance, qu’il ait envie d’échanger et non de se soumettre. Je cherche à obtenir des actions avec la coopération du chien, pas en allant à son encontre. Par ailleurs, si le chien en arrive à montrer ou développer des comportements indésirables, c’est que mon plan d’entraînement a montré des failles : j’ai brûlé des étapes, mal lu son état émotionnel, manqué d’informations globales… Je veux que la conséquence de ses comportements demeure du bien-être physique, émotionnel et psychologique ; et je veux que ses humains ressentent aussi ce bien-être.