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La peur chez le chien

Qu’est-ce que la peur ?

Il s’agit d’une émotion. Cela signifie que lorsque toutou est face à quelque chose ou quelqu’un qui lui en inspire, il a une réaction physiologique qu’il ne contrôle pas. La fonction de la peur est de permettre au chien de réagir face à une menace ou un danger afin d’assurer sa survie.

Quatre types de réactions principales ont été observées :

  • s’enfuir : le chien prend ses pattes à son cou et part vite à l’opposé de la menace ou du danger,

  • se figer : le chien ne bouge plus, il peut sembler telle une statue, dans l’attente que la menace ou le danger s’éloigne,

  • contre-attaquer : le chien, pour ne pas avoir à se défendre, attaque pour que la menace ou le danger s’éloigne,

  • fanfaronner : le chien se donne une posture impressionnante, feint d’être prêt à attaquer, mais change de stratégie, souvent pour une de repli si la menace ou le danger s’avance.

La perception de ce qui est menaçant ou dangereux est propre à chaque individu.

Pourquoi toutou a peur ?

Cela peut découler d’un manque de socialisation, de sensibilités physiologiques importantes à certains aspects de l’environnement (comme le bruit), de la génétique, d’une éducation avec des outils aversifs, d’expériences aversives, de l’observation qu’il fait de la réaction de ses maîtres… Souvent, plusieurs paramètres sont imbriqués.

La contagion émotionnelle est une forme basique d’empathie. Le chien va réagir à notre réaction ou à celle de ses congénères, aux hormones que nous émettons.

« C’est pas la petite qui va manger la grosse ».

Pour souligner le ridicule de la peur de quelqu’un face à une créature de petite taille (comme les araignées par exemple), certains individus vont asséner cette phrase. Non seulement elle dénote un manque d’empathie (la peur n’est pas reconnue et même dénigrée), mais en plus elle n’est pas tout à fait exacte. Pour commencer, la peur, qu’elle soit ressentie par un humain ou un chien, n’est ni contrôlable ni rationalisante. Par ailleurs, même si on ne va pas envisager d’être avalé par une petite créature, la méduse Irukandji, par exemple, ne mesure pas plus de trois centimètres et est pourtant l’une des plus redoutables. Si votre toutou a surtout vécu des expériences désagréables, voire des attaques par des chiens de petite taille, quelle que soit sa taille à lui, il pourra en avoir peur. Ce n’est pas la taille qui compte, mais l’association qu’il va en faire avec des souvenirs négatifs.

Comment réagir ?

Personnellement, j’ai tendance à regarder plusieurs aspects pour aider un chien à gérer sa peur :

  • qu’a-t-il/elle observé, entendu, senti avant de réagir par peur ?

  • comment s’exprime sa peur ? Semble-t-il chercher mon soutien ? À s’enfuir ? À attaquer ?

  • qu’obtient-il par sa réaction ? L’éloignement de ce qui l’effraie ? Ma réaction à son comportement et non à sa peur ?

  • fait-il une discrimination parmi les éléments effrayants ? Par exemple, une de mes élèves avait plus peur des femmes que des hommes.

  • a-t-il les ressources pour gérer sa peur seul ?

  • ma propre réaction sera-t-elle appropriée ? Suffisante, insuffisante, ou disproportionnée ?

  • ma relation avec toutou est-elle en mesure de lui permettre de prendre des informations auprès de moi ?

  • dans quel état physique et/ou émotionnel suis-je moi-même ?

Le chien réagira en fonction de ce qui aura fonctionné dans le passé, et de ce qui semble fonctionner sur le moment. Son choix stratégique lui est propre et motivé par son expérience, pas par la perception que nous allons avoir de son comportement. Il s’adaptera par la suite en fonction de notre réaction.

Quelques exemples de situation :

- Pandhy et la statue imposante d’un mouton : la confiance que Pandhy m’avait accordée m’a permis de lui donner une information et qu’il en tienne compte. Je me suis approchée de la statue et l’ai touchée, caressée. Pendant ce temps-là, Pandhy observait et apprenait, à une distance qu’il avait choisie, comment j’évaluais et réagissait à cette « menace » potentielle. Puis, il a pris le « risque » de faire connaissance de près avec cette chose.

- une bergère en refuge craignait d’autres chiens. De temps à autres, je lui proposais « câlin » comme exercice. Elle venait, si elle le désirait (je ne la forçais pas à tolérer un toucher, mon but étant que le moment soit consenti et opéré dans le cadre d’un échange agréable). Quand elle était proche, je la caressais. Un jour, alors que des chiens à la voix grave aboyaient, elle marchait presque plaquée au sol et se retournait vivement comme s’ils allaient lui sauter dessus par derrière. M’apercevant qu’elle ne retrouvait pas son calme et que cela perturbait sa balade bien que nous nous soyons éloignées, je lui ai proposé « câlin ». Elle est venue contre moi ; je l’ai caressée, frottée ; elle s’est secouée et détendue.

- Oslo, que la vie n’avait pas gâté en expériences citadines, trouvait beaucoup d’éléments de la ville aversifs. Sa stratégie était de charger ce qui lui inspirait de la peur. Afin de lui (ré?)apprendre à opter pour d’autres tactiques, j’oeuvrais sur deux fronts en même temps. D’un côté, j’associais les éléments désagréables à quelque chose d’agréable (friandises, jeu, course, câlin) ; d’un autre côté, quand des éléments passaient à une certaine distance, qu’il les avait observés, j’envoyais quelque chose d’intéressant pour lui dans le sens opposé (peu à peu, en diminuant la distance de l’envoi) et le récompensais d’y avoir été. J’avais deux objectifs : l’aider à modifier sa perception émotionnelle des éléments en question, et, lui apprendre à s’éloigner si les éléments sont « trop » près (un mètre peut parfois suffire pour qu’un chien s’apaise ou ne charge pas).

chien apeuré se cache

Je ne suis pas partisane de laisser un chien gérer sa peur seul, surtout s’il ignore comment faire face à l’élément effrayant, surtout si ses ressources de résilience sont limitées voire absentes, surtout si sa réaction peut représenter un danger pour lui-même ou les autres, surtout s’il vient demander de l’aide et attend une réaction de soutien en retour.

Il ne s’agit pas de prendre toutou dans les bras au moindre élément qui semble le contrarier. Il est question de prendre en compte ses émotions, comment il les exprime, de lui transmettre des informations adéquates, de le rassurer pour qu’il se détende et se construise sereinement. Tant qu’il est sous l’emprise de sa peur, il ne peut pas analyser et apprendre. Son organisme n’est que dans une logique de survie. En partageant avec moi ce qu’il ressent, le chien me montre sa confiance, témoigne de l’intérêt pour les informations que je lui transmettrai. En l’ignorant ou le repoussant, je le laisse être confronté à ce qui l’effraie, au risque que sa réaction ne soit pas adaptée à la situation, je lui montre peu d’égards.

La peur est indissociable d’un être vivant. Il est possible dans la relation que nous avons avec toutou de faire en sorte qu’elle ne soit que passagère, que celui-ci sache y faire face et développe des capacités de résilience.

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