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Aversif versus coercitif versus laxiste

Une bataille d’étiquette fait rage dans le milieu du chien. Et en dommages collatéraux : des familles, confuses par les termes utilisés par les uns et les autres, ne souhaitant que vivre en harmonie avec leur chien, sont parfois désolées d’agir d’une façon ou d’une autre, rejettent une façon de procéder juste à cause d’une étiquette.

Commençons par les définitions (d’après le Larousse)

Les mots ont un sens

⛔️ Aversif : se dit de ce qui suscite l’aversion

Aversion : « sentiment d’antipathie violente, voire de répulsion, ressenti par quelqu’un à l’égard d’une personne ou d’une catégorie de personnes »

⚠️ Coercitif : « qui agit par contrainte »

Coercition : « action de contraindre »

Contraindre : « obliger quelqu’un à agir d’une certaine manière, malgré sa volonté ; empêcher quelqu’un de donner libre cours à ses sentiments »

❎ Laxiste : « qui manifeste du laxisme »

Laxisme : « attitude de quelqu’un qui est excessivement indulgent, tolérant »

Comment se situe K9 Voice ?

À K9 Voice, je mets un point d’honneur à ce que les chiens que j’accompagne ne ressentent aucun sentiment de répulsion à cause de mes comportements. Il m’arrive d’intervenir car des chiens ne tolèrent pas les humains, mais c’est alors une perception que je cherche à modifier, ni à créer ni à ancrer. Je fais en sorte que mes choix d’actions, que mes comportements, que mes plans d’entraînement, que les conditionnements que je mets en place, ne stimulent que des émotions neutres ou positives. Une de mes motivations est le bien-être de l’ensemble du foyer. Si un chien se sent en insécurité par ma présence, par mes actes, par les conséquences de ceux-ci, je ne suis alors pas en mesure d’aider à restaurer ou maintenir de la sérénité ; cela est antinomique selon moi. Je veux voir un chien agir, approcher, avec confiance, quelles que soient ses problématiques de départ. Générer volontairement un sentiment de recul, au mieux, d’agressivité ou de repli, au pire, - sans que ce ne soit lié à une douleur ou un manque d’informations – est travaillé avec aversion.

La coercition régit la vie en société des humains. Vivre en communauté implique des règles, qui sont susceptibles de nous convenir, de nous amuser, mais aussi de nous débecter, de nous insupporter. Régulièrement, les opportunités sont saisies pour les enfreindre parce qu’elles sont souvent vécues comme une entrave à la « liberté », comme une pression inutile, comme une violence exercée.

Dans mes rapports avec les chiens, je fais en sorte d’exercer le moins de pression possible. Par exemple, lorsque j’entraîne un chien pour des soins coopératifs, je patiente, je mets en place un environnement favorable, je crée des apprentissages qu’il a envie de poursuivre. Je n’agis qu’en collaboration avec lui. Quand j’interviens parce qu’un chien est en inconfort voire effrayé par les humains inconnus, je lui laisse le temps de s’ajuster, de m’observer, en plus d’oeuvrer pour modifier sa perception émotionnelle.

Pour autant, je suis aussi susceptible d’imposer des contraintes à un chien. Quand il est sorti dehors, la loi, la vie parmi les humains, impose que les chiens soient tenus en laisse ou au moins gardé sous contrôle. Donc la laisse ou la longe entrave en partie sa liberté de mouvement. Je lui refuse aussi de courir à plein poumons, sans regarder où il va, alors que des personnes fragiles se baladent, ou que nous sommes dans une zone où les voitures circulent sans tenir compte de la limitation de vitesse imposée. S’il a des traitements à subir, qu’il n’est pas encore prêt à accorder son consentement, si je dois retirer quelque chose de son corps alors qu’il est réticent mais que cela peut être potentiellement risqué de lui laisser, je vais agir avec coercition.

La vie d’un chien de famille, comme celle de bien d’autres individus, est emplie de contraintes. Alors quand je suis amenée à en ajouter, je fais en sorte que mes actions coercitives soient vécues avec le moins de dégoût possible. Par exemple, un chien à qui la loi impose de porter une muselière sera entraîné au rythme qui est le sien à l’accepter, avec des étapes, en ajoutant des éléments plaisants pour lui.

Ah… le laxisme ! Celui-là est prononcé à tout-va dès qu’il s’agit de refuser d’élever la voix sur un chien qui grogne, de mettre une pression physique sur un chien qui force le passage, de plaquer au sol un chien qui bondit.

Pour reprendre le premier exemple, quand j’ai l’information qu’un chien grogne, j’interroge alors sur sa santé, sur les contextes, sur la fréquence et la durée, sur les réactions des humains. Si par exemple un chien grogne parce qu’il souffre de douleurs dorsales et qu’on joue un peu brusquement avec lui, il exprime un besoin. Lui « grogner » dessus ne résout pas sa douleur ; cela peut éventuellement faire cesser le grognement, pas la motivation de ce dernier (il optera alors pour un autre comportement pour exprimer son besoin de calme ou de distance).

Pour reprendre le second exemple, quand je constate qu’un chien force un passage, je vais noter si son langage corporel est détendu, son niveau d’éveil, si le comportement a été renforcé, si une émotion suscite ce comportement et laquelle, si des apprentissages ont été tentés avant pour gérer la situation. Je travaille régulièrement avec des chiens qui vivent péniblement qu’un autre chien s’approchent d’eux. Ils font alors preuve de comportements dits réactifs ; cela se manifeste par des vocalises (aboiements, grognements), par un corps tendu en bout de laisse, par des bonds potentiels en bout de laisse. Si ce chien ne tétanise pas ou ne fuit pas, la « contre-attaque » (il vit l’approche de l’autre chien telle une attaque, peu importe les intentions de l’autre) est une option qu’il considère potentiellement efficace pour remettre de la distance entre lui et son assaillant. Je n’encourage pas ce comportement, je n’ai pas pour objectif qu’il se répète. Si je ne me préoccupe que de ne pas « tolérer » son comportement, j’occulte ce qui le motive ; or ce n’est pas ainsi que je considère apporter ma contribution à la sérénité du chien et de sa famille humaine.

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